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Blog collectif du Centre de Soins des addictions, destiné à informer, et à recevoir les contributions des patients du C.S.A.P.A du Pays-Haut, mais aussi des membres de leur famille, de leur couple, des amis...

mercredi 17 août 2011

Sport et Addiction

Extrait d'un article paru dans le journal "Le monde" :

"Le dernier Sport & Vie (n°126, p.46-52) consacre un dossier intéressant à un sujet peu souvent abordé, voire ignoré : la dépendance sportive. (...)
 Les travaux réalisés (par les chercheurs en psychologie du sport) ont conduit les auteurs à identifier deux formes de passions : la passion obsessionnelle et la passion harmonieuse.
La passion harmonieuse est une force motivationnelle qui permet à l’individu de se sentir libre et de s’adonner de son plein gré à son activité. Comme le souligne Vallerand et ses collaborateurs, avec ce type de passion, l’activité ne domine pas l’identité de la personne.
La passion obsessionnelle, quant à elle, est une force motivationnelle qui pousse à s’adonner à une discipline allant parfois jusqu’à rendre le pratiquant prisonnier de celle-ci. Tout se passe comme si une force intérieure le contrôlait et induisait l’obligation de pratiquer. Vallerand et col. précisent : « Cet engagement étant hors de tout contrôle, l’activité peut finir par occuper une place disproportionnée dans l’identité de la personne et générer des conflits entre le sport en question et d’autres aspects de sa vie » (2008,p.271).

Les dangers de la passion obsessionnelle sont évidents. Pourtant, ils sont rarement considérés à leur juste mesure tant certains acteurs du système sportif se plaisent à diriger un athlète obsédé par son sport, ressentant une obligation viscérale de pratiquer, ne pouvant envisager de vivre sans, comme contrôlé, dirigé par sa discipline, le conduisant à reléguer sa personne au second plan. Dans le haut niveau, l’obsession serait presque… recommandée. Seulement… qui dit obsession, dit risque de dépendance et dans ce domaine, les sportifs amateurs n’ont rien à envier aux sportifs de haut niveau.

Cette addiction au sport porte un nom : la bigorexie. L’article du journaliste de Sport & Vie, Raphaël Godet, sous le titre « A la clinique des bigorexiques », nous fait partager le quotidien de quatre personnes souffrant de ce mal reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé. Au fil des témoignages, il s’appuie sur les explications de professionnels sur la question afin que le lecteur puisse se rendre compte de la réalité de ce phénomène… ou afin de lui offrir l’occasion de se reconnaître. Nous parlons ici d’hommes et de femmes pour qui la pratique du sport domine le quotidien, pour qui la moindre heure d’entraînement perdue déclenche un terrible désordre. Rien ne peut les retenir à la maison, les heures d’engagement se multiplient excessivement aux dépens des amis, de la famille. Eric, par exemple, préfère s’entraîner plutôt que d’accepter une invitation de ses amis, qui ne l’invitent plus... Il choisit ses vacances en fonction de l’itinéraire des courses cyclistes et avoue ne pas avoir su quoi dire quand sa femme lui a demandé de choisir entre elle et le vélo.

Au Centre d’Accompagnement et de Prévention (CAPS) de Bordeaux, la bigorexie n’est pas traitée à la légère. Sandrine Afflelou, intervenante de la structure, voit en consultation des centaines de sportifs souffrant de ce problème. Pas étonnant quand nous savons que « 10 à 15% des sportifs ayant une pratique intensive souffrent en réalité d’une véritable addiction ». De plus, elle précise : « La haute compétition n’est pas une condition sine qua non pour développer une bigorexie » (p.49).

La prise de conscience de l’existence de cette dépendance excessive à l’activité sportive est importante tant les conséquences peuvent s’avérer dramatiques pour les personnes concernées. Les spécialistes du Centre d’Etudes et de Recherches en Psychopathologie (CERPP) de Toulouse préviennent : il s’agit d’un « besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale » (p.48).



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